Patrick Ferté, maître de conférences émérite d’histoire moderne à l’Université de Toulouse Jean- Jaurès, est membre de Framespa-CNRS, de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron et de l’Association européenne Héloïse qui tend à fédérer la mise en ligne des bases de données universitaires d’Europe. Spécialiste du monde universitaire de l’Ancien régime, il est l’auteur d’une dizaine de livres et d’une centaine d’articles de fond sur ce thème, notamment un Répertoire des étudiants du Midi de la France (1563-1793) en 7 volumes, et co-directeur de l’Histoire de l’université de Toulouse de 1229 à nos jours, en 3 volumes (2019-2020), ainsi que des Actes du colloque international sur Les étudiants de l’exil. Migrations internationales et universités refuges (XVIe-XXe s.), PUM, 2009. Dans un autre domaine, il est l’auteur de La grande généralité de Montauban –Quercy, Rouergue, Gascogne, pays de Foix– sous Louis XIV d’après le Mémoire pour l’instruction du duc de Bourgogne (1699) et son complément par A. Cathala-Coture (1713), paru en 2 volumes aux éditions du CTHS (2014).
LA FILIÈRE D’ÉMIGRATION OUTRE-MANCHE DE L’ÉVÊQUE INSERMENTÉ COLBERT DE CASTLE-HILL, DE RODEZ : UN RÉSEAU TISSÉ EN OCCITANIE ET EN SORBONNE
PATRICK FERTÉ
Je vais tenter de reconstituer le réseau de relations par lequel on peut expliquer l’exil de Seignelay Colbert de Castelhill outre-Manche, que ce soit en Écosse ou à Londres. Ce réseau s’est tissé bien avant la Révolution dans cinq foyers convergents d’amitiés nouées
1) en Occitanie, dans les diocèses de sa responsabilité, Toulouse en tant que vicaire général de Loménie de Brienne et surtout Rodez, en tant qu’évêque depuis 1781, de même que dans le sillage de Mgr Dillon à Narbonne ;
2) dans les cercles philanthropiques animés par la famille La Rochefoucauld, que ce fût l’archevêque de Rouen dont Brienne et Dillon furent ensemble vicaires généraux, mais aussi le duc de La Rochefoucauld et son cousin le duc de Liancourt, président du Comité de Bienfaisance qui prit Colbert de Castle-Hill pour vice-président et qui fut un commensal d’Adam Smith et d’Arthur Young ;
3) autour de l’évêque de Chartres, Mgr de Lubersac et de son cousin, autre Lubersac, qui était vicaire général de Dillon et qui retrouva les deux prélats dans leur exil londonien ;
4) à Paris et Versailles : à la Cour où de nombreux Rouergats monopolisent l’aumônerie de la famille royale et aussi en Sorbonne, que ce fût par certains condisciples mais surtout par les professeurs, dont beaucoup étaient des Rouergats liés à Colbert et/ou à ses mentors et qui ont également émigré à Londres puis en Irlande ;
5) Ses relations britanniques jouent également un grand rôle, du fait évidemment de son origine écossaise, de son amitié avec Adam Smith et de ses contacts avec Arthur Young : mais qui l’eût cru, ces dernières qui paraissent évidentes ne semblent pas avoir été prégnantes en la circonstance. L’Irlande s’avère en effet tout aussi déterminante.
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